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Les labels bio en Belgique : une stratégie marketing ou un intérêt réel?


En Belgique, plusieurs sigles permettent d’identifier les produits issus de l’agriculture biologique. Ce serait trop simple s’il n’en existait qu’un. Mais tous ces labels ont-ils la même valeur ? Quels sont les pièges à éviter ?

On trouve dans le Plat pays deux principaux labels publics : l’Eurofeuille et le label AB. Ce sont les plus répandus. Créée par l’Union européenne en 2010, l’Eurofeuille est présente sur la totalité des articles bio vendus en Belgique. Elle s’appuie sur la réglementation européenne qui norme toutes les étapes de production des produits biologiques alimentaires et de certains produits bios non alimentaires (laine brute, cire, coton, huiles essentielles non alimentaires, sapins de Noël…). “L’Eurofeuille, qui est obligatoire sur tous les articles pré-emballés, garantit qu’au minimum 95 % des ingrédients ou composants d’un produit sont issus de l’agriculture biologique”, détaille Philippe Mattart, directeur général de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W).

L'Eurofeuille est le label de référence du bio en Europe.

L'Eurofeuille est le label de référence du bio en Europe. ©Färm

C’est la base commune de tous les labels qu’on trouve en Belgique. Si elle n’y est pas, c’est qu’il y a un problème”, complète Jean-Baptiste Lammin, co-responsable des achats pour le réseau coopératif de magasins bio Färm (21 boutiques dans le pays).

Le label AB mieux connu

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Le label AB est quant à lui français. Créé en 1985, il est présent sur de nombreux produits en Belgique. “Le label AB n’apporte rien de plus par rapport à l’Eurofeuille, met en avant Philippe Mattart. Il joue tout de même le rôle de complément au label européen car il est davantage connu. D’après le baromètre de l’Agence BIO française qui gère ce logo, le label AB est connu par 95 % des Français et l’Eurofeuille seulement 60 %. Selon notre étude de marché menée en 2020, la notoriété du label européen est similaire en Belgique (59 %) alors que le logo AB est un peu moins reconnu (51 %).”

Le label français AB est présent sur de nombreux produits bio en Belgique.

Le label français AB est présent sur de nombreux produits bio en Belgique. ©Copyright (c) 2021 sylv1rob1/Shutterstock. No use without permission.

Le label AB est donc dans un sens redondant de l’Eurofeuille qui est la garantie absolue d’un produit bio. Les producteurs qui décident de l’ajouter le font principalement par conviction marketing, pour promouvoir leur produit grâce à un logo mieux connu et plus parlant pour le consommateur.

Philippe Mattart, directeur général de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W).

Philippe Mattart, directeur général de l’Agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité (Apaq-W). ©Apaq-W

À noter qu’en Belgique, on peut trouver deux autres logos publics sur les produits bios importés des Pays-Bas (EKO) et d’Allemagne (Bio nach). Ils sont, tout comme le label AB, strictement équivalents à l’Eurofeuille.

Belgo-belge Biogarantie

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En outre, il existe un unique label privé belgo-belge, la Biogarantie, qui intègre une charte évolutive de durabilité écologique, économique et sociale. “Ce logo va plus loin que le label européen car il inclut notamment l’aspect local et le circuit court, explique Jean-Baptiste Lammin. La notion de prix juste pour le producteur n’est pas encore contrôlée mais est en cours de définition.

On trouve deux versions de la Biogarantie : un logo simple et un logo agrémenté d’un drapeau belge qui signifie qu’en plus des autres engagements, le produit est local. “Nous n’en avons pas beaucoup car de manière générale les produits bios et belges ne sont pas très nombreux. La majorité de nos articles locaux arborent simplement le label européen”, ajoute le responsable des achats chez Färm.

Aujourd’hui, 15 % des surfaces cultivées en Wallonie sont certifiées bio. Cela représentait un peu plus de 92 000 hectares en 2021, sur les 101 800 hectares de cultures bio que compte l’ensemble de la Belgique. L’objectif du Plan Bio 2030 de la Région wallonne est de passer à 30 % d'ici 2030, une proportion supérieure à l’objectif européen de 25 %.

Le label Biogarantie est l'unique label privé belgo-belge.

Le label Biogarantie est l'unique label privé belgo-belge. ©D.R.

Autre estampille de référence, la charte Nature&Progrès Belgique inclut également des aspects sociaux comme la juste rémunération et le circuit court, et plus particulièrement la dimension familiale des exploitations. Dans ce système de garantie participative, ce sont les citoyens qui effectuent les contrôles des exploitations sur les aspects emballages, respect des saisons, circuit court… bien que d’autres critères plus scientifiques comme le taux d’engrais ou de pesticides ne puisse pas être vérifié. Pas d’importance toutefois, puisque ce label ne peut être arboré qu’en complément de l’Eurofeuille.

La charte Nature & Progrès Belgique inclut également la dimension familiale des exploitations.

La charte Nature & Progrès Belgique inclut également la dimension familiale des exploitations. ©D.R.

Demeter, le label controversé

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Par ailleurs, il est un autre logo qui suscite davantage de discussions : le label Demeter. Ce logo d’origine allemande regroupe tous les produits issus de la biodynamie. Que l’on y croit ou pas, la biodynamie répond en fait à tous les critères de l’Eurofeuille, mais avec une approche holistique supplémentaire. Créé en 1924, ce système de production agricole repose sur le dogme selon lequel toute exploitation agricole doit être considérée comme un organisme vivant. Plus concrètement, les producteurs engagés dans cette démarche travaillent par exemple en adéquation avec le cycle de la Lune, préparent le sol sans labour, utilisent du compost ou ont recourt à la polyculture.

Le label Demeter regroupe tous les produits issus de la biodynamie. Il suscite la controverse.

Le label Demeter regroupe tous les produits issus de la biodynamie. Il suscite la controverse. ©Copyright (c) 2021 Robert Ruidl/Shutterstock. No use without permission.

”Certains clients adhèrent et d’autres pas. Mais de notre côté, nous privilégions les produits Demeter aux produits simplement labellisés bios, car nous avons vraiment confiance, partage Jean-Baptiste Lammin. Dans 99 % des cas, les agriculteurs biodynamiques sont plus engagés, davantage par une forte conviction que par des raisons marketing ou financières”. Les produits Demeter sont en général quelques dizaines de centimes plus chers, et surtout, l’offre est beaucoup plus limitée. Chez Färm par exemple, moins de 10 % des produits, principalement non transformés comme les farines ou les légumes en bocaux, sont labellisés Demeter.

Coût de labellisation

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Au total, d’après Biowallonie, sur plus de 3 200 producteurs, transformateurs, grossistes et points de vente certifiés bio en Wallonie et à Bruxelles, environ 140 sont pourvus de l’un des trois labels Biogarantie, Nature&Progrès ou Demeter. “L’Eurofeuille est assez stricte et fait foi : pourquoi les producteurs voudraient-ils alors payer davantage pour multiplier les labels ?”, fait remarquer Ariane Beaudelot, coordinatrice du pôle Développement de filières chez Biowallonie. En effet, pour bénéficier du label belge Biogarantie, le producteur doit, en plus du montant du contrôle annuel de l’Eurofeuille, payer une redevance supplémentaire.

Le logo Demeter étant d’origine allemande, les producteurs doivent payer la venue d’organismes provenant de Demeter Allemagne, France, Luxembourg ou Hollande – puisqu’il n’existe pas de Demeter Belgique – pour faire labelliser leur exploitation pour la première fois. Ceci représente un surcoût et un temps d’administratif non négligeables.

Ainsi, actuellement, seuls 28 opérateurs sont labellisés Demeter en Belgique. Les Belges se tournent donc naturellement vers les produits Demeter allemands et français. En Wallonie et à Bruxelles, on compte 60 opérateurs sous Biogarantie et 68 sous Nature&Progrès. “Biogarantie ou Demeter sont des logos super intéressants… mais difficiles à trouver d’origine locale ! Si on tombe dessus, c’est bien de les acheter, mais on ne peut pas s’arrêter à ces critères pour faire son choix, sinon on se retrouve bredouille”, pointe Ariane Beaudelot.

Enfin, attention au greenwashing des entreprises qui n’ont pas forcément de label officiel mais marquent en grosses lettres sur leurs paquets “produit naturel”, “produit écologique”…“Ces mots ne veulent rien dire sans label. Certaines entreprises travaillent vraiment en bio, par contre, d’autres jouent volontairement sur le flou”, conclut Jean-Baptiste Lammin.

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Author: Laura Hill

Last Updated: 1702786203

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