header banner
Default

La taxe rose Les clients auront le dernier mot


Table of Contents

    Rasoir, shampoing, crème… Dès lors qu’il est estampillé féminin, un produit est souvent facturé plus cher. Discrimination selon les féministes, stratégie commerciale selon les marketeurs, la « taxe rose » survivra-t-elle à l’évolution de la société vers davantage d’égalitarisme ?

    Pourquoi maintenir une différence de prix même minime ? Comme une bonne partie de la profession, Cédric Sportiello, coiffeur à Lorient, envisage d’aligner à l’avenir les tarifs des hommes sur ceux des femmes.
    Pourquoi maintenir une différence de prix même minime ? Comme une bonne partie de la profession, Cédric Sportiello, coiffeur à Lorient, envisage d’aligner à l’avenir les tarifs des hommes sur ceux des femmes.  (Photo F. L.)

    La « taxe rose » n’est pas une légende urbaine. La différenciation des prix pour un service identique est régulièrement appliquée pour des motifs officiels plus ou moins fallacieux. « Le travail est deux fois plus long pour les femmes que pour les hommes », affirme le responsable d’un salon de coiffure qui fait payer la « coupe-shampoing-coiffage 39 € aux unes et 29 € aux autres ». Ce que nuance son concurrent un peu plus loin en ramenant la différence à 2 €. « C’est beaucoup plus compliqué », assure le pressing d’un petit centre commercial où il en coûte 6,50 € pour un chemisier de femme contre 3,50 € pour une chemise d’homme. 

    Très répandue il y a encore trois ans, cette pratique, qui consiste à faire davantage payer les femmes pour un même produit, se fait désormais plus discrète dans les grandes surfaces. Finis les rasoirs roses deux fois plus chers que les rasoirs bleus, les tricycles de petites filles surtaxées ou les déodorants « genrés » à double tarif. Les mouvements féministes sont passés par là. Le conditionnement et le packaging sont désormais différents, rendant la comparaison est plus ardue.

    Pourquoi les marques ont-elles mis en place une politique tarifaire différenciée ?

    « Les marques profitent d’une certaine appétence des femmes pour les produits genrés. Pour les soins, les jouets pour enfant, l’habillement, les femmes sont prêtes à payer davantage que les hommes », explique Yolande Piris, directrice du Laboratoire d’économie et de gestion de l’Ouest (Lego-UBS). « Certaines vont préférer un rasoir rose parce que c’est plus girly, que c’est plus joli dans leur salle de bains. Tout est affaire de perception. Il ne faut pas y voir de la discrimination pure de la part des marketeurs qui sont de plus en plus souvent des femmes. C’est la logique du marché. Il s’agit d’une recherche de croissance et de marge, en segmentant l’offre, comme on le fait dans d’autres domaines », poursuit l’enseignante-chercheuse.

    Cofondatrice du mouvement féministe Georgette Sand - en lutte contre la taxe rose et la TVA sur les tampons - Ophélie Latil juge sévèrement cette « injonction à la beauté qui est faite aux femmes dans une logique de pur capitalisme ». La féministe s’exaspère : « On les oblige à jouer le jeu. Elles seront tellement plus belles… On constate que les parfums de femme continuent à augmenter beaucoup plus vite que ceux des hommes. On en arrive même à leur vendre des mascaras Dior au prix de l’or ! ».

    Qui aura le dernier mot ? Les femmes ou le marketing ?

    Newsletter 17h17 l'éco

    La sélection des dernières actualités économiques

    Tous les jours en semaine à 17h17

    Chef d’entreprise dans l’e-commerce et féministe au sein du collectif vannetais WonderClito, Bénédicte Lanfrey considère que « si c’est effectivement habituel de segmenter le marché, ce qui est nouveau, c’est qu’on se pose la question ». L’entrepreneuse prend le pari : « Le pinkwashing n’en a plus pour longtemps. Une frange des consommateurs a franchi un palier de conscience. Il n’est pas nécessaire de représenter 90 % des consommateurs. Les marketeurs sont très attentifs aux petits signaux. On l’a vu dans d’autres domaines comme l’huile de palme par exemple. En bricolage, les marques ont voulu créer des outils genrés, ça n’a pas marché ». Bénédicte Lanfrey l’assure : « C’est le consommateur qui aura bientôt le dernier mot ». En l’occurrence, la consommatrice.

    Sources


    Article information

    Author: Maurice Frazier

    Last Updated: 1703285042

    Views: 830

    Rating: 4.4 / 5 (110 voted)

    Reviews: 97% of readers found this page helpful

    Author information

    Name: Maurice Frazier

    Birthday: 1962-11-13

    Address: 13788 Jeffery Mount Suite 019, Prattfurt, ME 26295

    Phone: +4280527209753916

    Job: Article Writer

    Hobby: Coffee Roasting, Magic Tricks, Writing, Video Editing, Kite Flying, Bird Watching, Poker

    Introduction: My name is Maurice Frazier, I am a venturesome, accomplished, Gifted, fearless, risk-taking, priceless, honest person who loves writing and wants to share my knowledge and understanding with you.